Labyrinthe des sens au manoir, 2-7 aout 2016, Roumaine,
Tibăneşti –Iasi
La médiation artistique et les échos dans la communauté.
Durant tout le processus du Labyrinthe des sens, au manoir Petre P. Carp (ateliers, performance, temps de parole, bilan) et en accord avec l’équipe de Pro Patrimonio, nous avons poursuivi notre intention de nous rapprocher de la communauté villageoise, de continuer le dialogue à travers le pont constitué par les enfants.
Il nous est apparu essentiel d’établir un lien de confiance et d’amorcer le contact avec les parents (familles) dès le début. Cela a été possible grâce à la présence d’un référant (un professeur d’école). Pour créer un sentiment de confiance le premier atelier s’est organisé dans un endroit situé proche des autres activités, ou les dessins des enfants pouvaient être visibles. Notre échange s’est poursuivi tous les jours, avec les parents ou grands-parents accompagnant les enfants, au commencement et en fin d’atelier. Un soir, nous avons saisi l’occasion pour rencontrer certains des parents lors d’une fête organisée par les notables du village.
Il nous a paru également important de créer un lien entre les volontaires engagés dans la restauration du manoir et les enfants. Cela s’est concrétisé par la possibilité pour les enfants de prendre des repas sur place, en même temps que les membres des « workshop ». (Remerciements à l’association Maria pour son aide aux repas)
Une fois engagés dans la construction du labyrinthe, les enfants ont pu observer de très près les ateliers se déroulant dans le manoir, ainsi que les objets et matériaux ou les activités de restauration menées par les volontaires. Nous sommes convaincus que cette proximité avec un travail en cours d’évolution, laissera ses traces dans la mémoire des enfants et peut-être, fera naître des vocations.
Une autre idée a été celle de compter sur l’interaction entre les acteurs du labyrinthe (notre groupe cible), et les autres enfants de leur âge (non-inscrits à l’atelier).
Les occasions dans ce sens se sont présentées au fur et a mesure du déroulement de notre action. Le déclic a eu lieu lors de l’expérience sensorielle dans le parc du manoir; durant laquelle on a constaté l’interaction entre les « labyrinthistes » et des enfants venus regarder. Nous avons proposé dorénavant d’autres ateliers dans l’espace du parc, qui ont appelé la coopération des enfants ; comme « la création de costumes », « la représentation sur scène » ou simplement des moments de jeu et de loisir, qui ont permis aux jeunes bâtisseurs de labyrinthe de répondre à quelques questions posées par des spectateurs occasionnels.
Le public de la performance et les retombées de l’expérience.
L’écho autour de nos ateliers ; nous a permis également d’inviter un public diversifié à la performance finale. Les enfants ont invité leurs parents et amis ainsi que d’autres adultes de leur entourage. La plupart des volontaires ont exprimé également le désir de participer à la performance comme visiteurs. A la fin nous avons établi une liste de 50 personnes.
Le lendemain de la performance, le dialogue avec les parents et les enseignants s’est poursuivi, nous apportant des détails sur l’engagement des participants rappelés comme par miracle à leurs souvenirs. Les parents et grands-parents ayant traversé le labyrinthe nous ont raconté diverses histoires et évènements liés au manoir. (Ex : ils se sont souvenus de l’existence des archives photographiques, des ateliers d’aéromodélisme, ea.) L’équipe de Pro-Patrimonio a trouvé opportun de proposer et d’engager par la suite un projet d’interviews avec d’autres villageois qui voudraient témoigner sur l’histoire du manoir ou des métiers oubliés, anciennement pratiqués dans le village.
Les ateliers « labyrinthe hors cadre » et leur aspect art thérapeutique.
Dans un court intervalle de temps (post-performance) nous avons pu improviser un atelier informel dans le parc du manoir « Petre P. Carp, à l’abri d’autres activités et regards, avec les enfants non inscrits à l’atelier. Il s’agit d’un groupe d’enfants qui avaient regardé notre travail à distance et qui nous ont rejoint pour les expériences dans le parc, chaque fois que l’occasion paraissait opportune. A la fin elles ont insisté pour s’exprimer à leur tour à travers les outils du labyrinthe.
Nous avions défini à l’avance les conditions d’inscription par rapport à une tranche d’âge (7 à 12 ans), une régularité dans la participation et surtout par l’accord des parents.
Ces enfants (n’avaient pas pu réunir surtout ces dernières conditions). Nous avons trouvé pour eux une possibilité que nous avons appelé « atelier du labyrinthe hors cadre ». Leur détermination à suivre de loin ou de près nos actions nous a convaincu de leur mettre à disposition du matériel et de leur proposer un atelier sur mesure comprenant des activités autour du dessin, la création des histoires et des masques, loin du regard d’autres participants.
Par ce biais, certaines informations et des bribes de récit sur leur situation scolaire ou familiale (très difficiles), ont pu être exprimés. Ce qui nous semble cependant important, est leur désir de participer, malgré les difficultés et leurs efforts d’intégration qui ont été conséquents.
Il est difficile de suivre une démarche art thérapeutique complète lors d’une expérience aussi courte, mais les prémices y sont et elles préfigurent des possibilités très variées dans le domaine de la médiation artistique.
Nous préconisons ce type d’intervention pour des enfants issus de familles en grande difficulté et en particulier pour celles qui sont dans des situations d’exclusion.
Merci à Raluca Stirbat pour sa bienveillante assistance lors de cette expérience.
Remerciements à l’organisation «Pro Patrimonio» et à l’association Maria pour avoir rendu possible la réalisation de cette étude. Remerciements aux élèves participants du collège « Petre P. Carp » de Tibanesti, à leur professeur et aux visiteurs du labyrinthe.
Ioana VIOLET (directrice du projet Labyrinthe des sens, pour Artees)
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Sources pour les articles sur l’art thérapie
Art-thérapie « C’est comme une médecine douce »: Dr Jean Pierre Klein dans Le Figaro : par Pascale Senk le 16/06/2016 ,
Art-thérapie : la créativité au service des élèves perturbés dans Le Figaro : par Julie Carballo – le 22/01/2015